Dans le monde, il y a peu de certitudes. On ne sait pas où on va, pourquoi le cosmos existe, ni même pourquoi on laisse un fan fiction de Twilight exister quand l’œuvre originale n’a déjà pas lieu d’être. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne va pas voir 300 pour son scénario. Non, on cherche des mecs en slip de cuir qui collent des baffes à d’innombrables moches en criant qu’ici, c’est Sparte !
Pour ceux qui ne connaissent pas 300
300 est un péplum réalisé par Zach Snyder et inspiré par un graphic novel de Frank Miller (le papa de Sin City). Il retrace l’histoire mytho-historique de l’invasion de la Grèce par l’Empire Perse et la bataille de Thermopyles où une habile stratégie aurait pu permettre à 300 soldats de Sparte de vaincre la horde perse dans un col étroit. Seulement, il y avait un bossu…
Derrière le rouge, l’azur
Pas de bol, Sparte n’occupera qu’une place mineure dans Rise of an Empire. Le film parle de la Grèce, le film parle de liberté, bref… le film parle des Etats-Unis d’Am… Athènes ! Bah oui, quand on travaille dans le cinéma de l’Oncle Sam, faire l’apologie de la liberté, on aime ça ! Et pour rester dans des couleurs acceptable, il ne restait pas beaucoup de choix… le blanc aurait viré au rouge, du coup ils ont pris le bleu. Heureusement, le plot tient sur un post-it et conserve quelques détails savoureux.
Ce qui est amusant aussi, c’est que si le plot est minimal « liberté + foutez-vous sur la gueule », l’univers de 300, lui, a de la gueule et de belles choses à offrir. Et la mise en scène efficace aide son assimilation. Xerxès le méchant roi-dieu du premier film est toujours méchant, mais s’il est méchant c’est parce que Thémistoclès, un soldat athénien, a tué Darius, l’ancien roi glauque et fort barbu des Perses. Darius a invité son fiston à ne pas se casser la barbiche avec les grecs, que seuls les dieux pourraient les détruire. En rentrant, Artémise, la commandant de la flotte, lui explique qu’il faut rompre avec cette tradition patriarcale pileuse, et que tout ça n’est qu’un vaste défi : « Si tu broute les mecs en slips, c’est que t’es un dieu, mon gars ! »
Sang, sang, cent infographistes !
300, c’est avant tout des hectolitres de sang qui ne ressemble pas à du sang, et une demi-tonne de violence aseptisée par une direction artistique très forte. Une très belle direction artistique, mais qui rend toute la violence des films supportable, presque agréable. Pour ça des procédés simples : une mise en scène ultra-efficace, une des meilleures chorégraphies de combats qu’on ait vues, et beaucoup d’images de synthèse. Mention spéciale pour la chorégraphie qui est vraiment exceptionnelle. Mention moins spéciale pour les CGI qui le sont moins, voire trop visibles par moments. Cela n’empêche pas de passer un agréable moment, sauf pendant la phase de bataille navale bien trop longue. Car oui, ici, les combats en bateau sont foison et même bien chorégraphié, des bateaux qui se foncent dessus à répétition, c’est chiant ! Car, rappelons-le, dans l’antiquité, le plus simple pour couler un navire, c’est de l’éperonner.
Bref, pas la peine de s’éterniser, 300 est exactement ce à quoi on pouvait s’attendre, ceux qui veulent le voir savent déjà pourquoi, et ceux qui ne veulent pas aussi. Si vous hésitez, arrêtez un instant et demandez-vous pourquoi. Si c’est parce que dans un film vous voulez un plot compliqué et des twists, vous avez de meilleurs choix. Si c’est la violence qui vous effraie, la simple hésitation qui vous anime, ou toute autre raison, allez-y, vous passerez sûrement un très bon moment ! Enfin… à condition de ne pas être allergique aux slips en cuir, parce que ça, par contre, vous allez en bouffer ! Je plains l’entrejambe des acteurs…
Spolions à foison ! Enfin… si on peut…
Ni une, ni deux après le défi, Xerxès se rase intégralement, va se balader dans le désert pour finir de cramer ses neurones, et c’est reparti comme en 40, et c’est pas 300 spartiates qui vont nous retenir, nous, on a un bossu, une combo entre Gollum et Garou ! On suit donc l’autre point de vue, celui de Thémistoclès qui ne fait pas confiance aux oracles, et est à Léonidas ce qu’Ulysse était à Ajax. On politise pour récupérer du monde pendant un bon moment et puis comme la narratrice au début du film a dit que seuls des bateaux viendraient en aide aux athéniens c’est parti pour une bonne heure de bataille navale. Et si le film est très bien chorégraphié et fait efficacement ressentir la violence et la tension des combats, avec des bateaux, ça marche tout de suite moins bien… C’est un peu comme regarder X-men Origins: Wolverine pour la première fois. Oui, c’est beau, oui, on sent régulièrement les CGI, mais c’est vite chiant… surtout la deuxième fois !
Le boobie salvateur
C’est donc le moment qu’Hollywood choisit pour jouer la carte de la scène de sexe. On prétexte une rencontre pour négociation entre la commandante perse et le héros grec, seuls dans une pièce avec une tension palpable. La femme d’arme qui cherche un second compétent et n’en trouve pas un seul dans son armée est prête à donner de sa personne pour recruter Thémistoclès ! Néanmoins, ce qui ne serait qu’une énième objectification de la femme (et de l’homme aussi d’ailleurs, 300 c’est le royaume du pec’ en slip), est ici traité intelligemment. Sérieusement, en général, je déteste la scène de galipettes au milieu du film d’action, elle ne sert à rien sinon à humaniser un peu les protagonistes au milieu du pillage. Mais 300 prend le contre-pied ! Cette scène n’a rien d’humain, le sexe est violent, les deux personnages s’étranglent, se projettent, se frappent presque, cherche à savoir qui dominera, et les cris ne sont entrecoupé que du regard perplexe que se jettent les deux gardes à l’extérieur. La conclusion est, elle aussi magistrale : « Me rejoindras-tu ? – Non. » Merci, bisou. Même notre héros devient, l’espace d’une scène, un être assoiffé de pouvoir et de violence, et ça, ça c’est intéressant !
Ce qui est appréciable, c’est que cette scène refait vraiment avancer l’histoire. On assiste à une dernière bataille navale, très courte, animée d’un instant émotion bassement humain, le seul du film, et c’est reparti pour de la politique. On est juste après les événements du premier film et la Grèce a besoin de tous les soldats spartiates que Léonidas, dans sa bêtise, n’avait pas emmené. On a besoin d’une Grèce unie, d’une Grèce libre, et le martyr du roi de Sparte le permet !
The Final Countdown
A terre, Xerxès, est implacable, mais les derniers athéniens sont dans leurs bateaux et provoquent les perses parce qu’ils ne veulent pas se rendre comme ça. C’est donc le moment de la bataille finale, celle ou les illogismes sont nombreux et où la cavalerie arrive toujours à la fin ! Les spartiates ne sont pas arrivés et c’est donc 5 trirèmes contre mille navires perses qui se préparent au combat après un discours très améric… athénien ! Thémistoclès n’a plus vraiment de plan sinon percer et essayer de tuer Artémis pour niquer la chaine de commandement perse. Heureusement, la donzelle veut taper sur des gens et elle ira d’elle-même en première ligne avec ses gardes d’élite. Bref après quelque collision de navires, et combat de soldats, le héros grec sort son joker de la soute de sa trirème : un cheval !
Alors… pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas des spécialiste en poneys. Les combattants à cheval entrainés sont parfaits pour passer des fantassins à la moulinette (hors lanciers). Mais les canassons n’aiment pas trop les grandes étendues d’eau et les espaces fermés. Déjà en faire monter un dans un camion c’est dur, dans un bateau, j’imagine à peine… Les champs de batailles sont stressants pour eux, mais bon, cheval de guerre = cheval habitué. Par contre le combat sur un bateau, j’en doute… le faire sauter de bateau en bateau, très peu pour lui, encore moins quand un des bateaux est en feu… Je voulais être sûr qu’on en soit au même point.
Bon pas la peine que je vous spolie la fin, vous l’avez devinée vous-même. Thémistoclès se la pète encore, fini par être à couteaux tirés avec Artémis, les spartiates arrivent, et puis voilà.
J’en reviens à ce que je disais au début, on va pas voir 300 pour son histoire, on y va parce que c’est joli (ou pour les slips en cuir, vous avez le droit)
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